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Lucidà Van Tarkil - Une mage à la haine froide.

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Message  Invité Lun 21 Jan - 16:16

Voici les quelques textes que j'ai écris sur l'histoire de Lucidà pour l'instant. Sans plus attendre...!

SOMMAIRE:


  • I) UNE ENFANCE DORÉE

  • II) LA CITÉ VIOLETTE

  • III) LE FLÉAU DE LORDAERON

  • IV) L'ULTIME DEFENSE

  • V) THERAMORE, OU L'IRONIE DU SORT

  • VI) LE MAL DORT...


PASSAGES SUR LA VIE DE LUCIDA:

1_
2_ La Grande Balafre
3_
4_ La Maison des Nobles

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Message  Invité Lun 21 Jan - 16:16

I) UNE ENFANCE DORÉE

Lucidà est née dans un milieu aisé de la petite noblesse de Lordaeron, environ 20 ans avant la chute du royaume. Son père, Aurelian Tarkil, se maria quelques années avant la venue au monde de Lucidà avec Cécyl de Vandermar. Celle-ci tomba rapidement sous le charme du jeune homme, d'autant plus qu'Aurelian prétextait être fou amoureux d'elle. Ce n'est que bien plus tard que la dame compris la dure réalité.

En effet, du fait de la noblesse de Cécyl, unique héritière du Comté de Vandermar, Aurelian rentra suite à son union avec la dame dans la sphère très prisée des hommes de pouvoir. Architecte de métier, il se vit confier de somptueux chantiers, puis culmina jusqu'au titre de Maître d’œuvre personnel de Sa Majesté.

Lucidà vécu donc dans cette atmosphère, loin de son père, au manoir familial de Stratholme. Cécyl se voila la face les premières années, mais le temps passant, elle se résigna et prit la place qui lui était sienne, dans l'ombre d'Aurelian. Néanmoins, elle s'occupa avec le plus grand soin de Lucidà, veillant à ce qu'elle ne manque jamais de rien.

Vers ses 5 ans, la famille partit s'installer plus près du roi, à la Capitale. Mais c'est aussi à cette période que Lucidà commença les enseignements qui devaient faire d'elle une grande dame.

A son 12ème anniversaire, Lucidà fit preuve d'une remarquable maîtrise de la magie des arcanes, conjurant un élémentaire d'eau devant ses parents. Aurelian passa très vite à autre chose, plongé qu'il était dans la réhabilitation d'un quartier de la Capitale, mais sa mère insista pour qu'elle suive des cours plus poussés. C'est à 15 ans que Lucidà dépassa les attentes de ses professeurs; sa vocation était toute trouvée: elle serait une magicienne, et gravirait les échelons du Kirin Tor jusqu'à ses plus hauts sommets.

II) LA CITÉ VIOLETTE

Peu sûre d'elle au début, Lucidà s'acclimata rapidement à la cité magique. Héritière incontestée de son père en matière d'architecture, elle adorait contempler les hautes flèches de la Citadelle Pourpre, ou les luxueuses demeures en marbre blanc des Archimages. Construite sur plusieurs niveaux, Dalaran imposait sa présence à des lieux à la ronde, et éclaboussait de sa magnificence les yeux mortels -et immortels.

L'Archimage Tisserune fut son mentor tout le long de ses études, mais celui-ci, bien trop occupé, relégua souvent cette tâche à d'autres magis. Néanmoins, Lucidà s’appliqua et progressa, jusqu'à se faire un nom dans la Magiocratie.

Une autre apprentie faisait cependant parler d'elle: la princesse Jaina Proudmoore, réputée plus puissante sorcière du Kirin Tor, ou en passe de l'être. Lucidà ne l'avait vu que très brièvement, mais elle détestait déjà la jeune femme. Jalouse de son aisance naturelle avec les arcanes, elle décida de travailler encore plus dur, aussi bien pour sa fierté personnelle que pour sa mère, persuadée que sa fille était supérieure à tous les autres.

Mais les choses n'allèrent pas en s'arrangeant, et le fossé se creusa d'années en années. Dégoûtée par son manque de résultats, Lucidà abandonna les domaines ou la princesse excellait, se sachant battue d'avance: elle se focalisa donc sur les sorts de givre, l'enchantement, l'abjuration et l'illusion, quand Jaina était passée maîtresse dans la transmutation, l'invocation et la pyromancie.

Lucidà apprit ainsi maintes choses à la Citadelle Pourpre, mais changea beaucoup aussi. Malheureuse de rester à l'écart alors que sa mère l'avait habitué à plus d'attention, elle s'était renfermée sur elle même, cristallisant ses émotions en un visage impassible. Avec le temps, la petite fille devint une femme, et de nouveaux sentiments -pour le moins négatifs- vinrent l'habiter.

En effet, pourtant à demie-noble de part le sang des Vandermar, elle se jugea supérieure à tous les autres, n'acceptant de voir comme seuls supérieurs les rois et les princes. De plus, tout de même douée dans le maniement des arcanes, elle regardait le monde d'un air condescendant, toujours plus hautaine et prétentieuse envers ceux qu'elle appelait les "faibles d'esprit".

Pourtant, lorsqu'un jeune homme dont la famille tenait en grande partie d'Alterac fit halte à Dalaran, sa vie changea du tout au tout. Blond aux yeux verts, charmeur, un air malicieux sur les lèvres, elle tomba amoureuse sans même s'en rendre compte. Il lui fit connaître un vin de très bon goût, un blanc des montagnes d'Alterac, que son père adopta instantanément dés qu'il l'eut goûté.

Launsky Von Hausen était son nom, plus un bourgeois qu'un noble, mais Lucidà ne le su jamais. Elle passa de longs et délicieux moments avec lui, ne se lassant jamais de son regard. Dans un acte d'amour ultime, elle s'offrit à lui, heureuse d'avoir trouvé son âme sœur.

Hélas, Launsky dû continuer sa route, laissant Lucidà derrière lui, le cœur déchiré. Afin de lutter contre la douleur de la séparation, la jeune femme se plongea encore plus intensément dans ses études, chaque jour alimentant un peu plus sa froideur et sa nouvelle haine des hommes. Ainsi, lorsqu'elle apprit quel mal frappait Lordaeron, il était déjà trop tard...

III) LE FLÉAU DE LORDAERON

...

IV) L'ULTIME DEFENSE

...

V) THERAMORE, OU L'IRONIE DU SORT

...

VI) LE MAL DORT...

...


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Message  Invité Lun 21 Jan - 16:17

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Message  Invité Lun 21 Jan - 16:17

2_ La Grande Balafre

Lucidà contemplait le champs de bataille, où se mêlaient orcs et humains dans un affrontement acharné. Ses yeux, d'un marron si foncé qu'ils en viraient au noir, parcouraient la moindre parcelle de l'immense boucherie qui se jouait devant elle; là où le récent cataclysme n'avait pas soulevé ou affaissé le sol, l'artillerie s'était soigneusement appliquée à marquer la terre elle-même de son empreinte. Du ciel tombait des bombes de mauvaise facture, parfois explosant dans les mains de leur porteur, ou bien atteignant avec succès leur destinataire en contrebas. Un avis extérieur aurait noté l'égalité parfaite qui régnait dans les deux camps, dont les forteresses respectives se dressaient symétriquement par rapport à la cohue de soldats. Seulement Lucidà n'était pas là pour laisser perdurer ce statut quo, bien au contraire.

«_Commandant, les gnomes ont-ils fini de réparer les engins de siège?»
Un homme passablement usé, à la calvitie prononcée et arborant les couleurs de Theramore s'approcha de la jeune femme.
«_Ma dame, il est trop tôt pour...
_Ont-ils fini, oui ou non?, répéta Lucidà calmement, mais non sans une once de menace derrière la voix.
_...Nos machines ont été lourdement endommagé: les moteurs sont en piteux état, mais ils devraient pouvoir faire le nécessaire si vous en donnez l'ordre...
_Alors faites, conclu sèchement Lucidà.»

L'homme salua de mauvaise grâce, puis s'en alla. Du haut des remparts, Lucidà pouvait voir le déroulement de la bataille, celle-ci apparemment décidée à ne pas pencher en faveur de l'Alliance. Elle se redressa néanmoins, consciente que l'officier et ses hommes la surveillaient, et ne manqueraient pas de la discréditer auprès du Haut-Commandement au moindre signe de faiblesse.

Lucidà n'était pas une femme de forte corpulence, ni née pour faire la guerre auprès de ses homologues masculins; bien au contraire, elle était presque fragile, affichant un visage exempt des marques qu'auraient pu lui laisser les hostilités. Mais la magicienne avait le don de marquer sa présence, même auprès de la gente masculine, ce qui n'avait pas manqué d'agacer les hommes de la garnison. Ses cheveux blonds cendrés lui descendaient en cascade sur les épaules, et quelque mèches folles lui donnaient un air sauvage; bien que la tension se lut dans son maintient, elle n'en restait pas moins droite et fière, levant le menton comme pour défier la Horde. La grande sauvage qui massacrait en l'honneur d'une pseudo-gloire.

Jamais elle n'avait apprécié les orcs, ceci s'expliquant certainement par sa xénophobie aiguë. Mais ils avaient formé avec d'autres races tout aussi barbares ce que l'on nommait la Horde, cette déferlante digne d'une légion endiablée, corrompue au sang de démon. Cette pensée tira un mauvais sourire sur les fines lèvres de la jeune femme. Qu'en dirait son père s'il la voyait, elle, fille d'un honorable artiste œuvrant au nom de la paix et de la prospérité, faire la guerre aux premières loges? Certainement peu de bien, mais les circonstances d'il y a quelque années avaient bien changé; maintenant, peu importaient les Trois Vertus, bonnes à faire pleurer les faibles et gémir les vaincus. La mort était le seul jugement qu'attendait l'ennemi, et si le sang devait couler, si la chair devait être tranchée, si les âmes devaient être balafrées et torturées, alors il en serait ainsi; Lucidà se ferait un plaisir de mener la bataille, au nom des Hommes, au nom de l'Alliance, au nom de Lordaeron.

*
**

«_Mizzy, les engins de siège sont-ils en état de fonctionner?»
Le Commandant Roberts avançait rapidement en de longues enjambées vers la petite gnome, totalement absorbée par son travail.
«_Martelpiston! Au rapport!»
Cette fois-ci, l'ingénieure sursauta et se retourna aussi vite que possible, non sans lâcher un ou deux tournevis.
«_Z'êtes brute, Commandant!
_Peuvent-ils participer à la bataille, répéta Roberts en pointant du doigt les machines de guerre vrombissantes.
_Pour sûr qu'ils peuvent! Si on oublie le frein en main, et... euh... la marche arrière?
_Mettez les en position et attendez mes ordres, c'est pour bientôt, lança l'humain avant de retourner vers l'entrée du fort.
_Oui, chef!»

*
**

Clarice Hawthorne était assise près du cadavre de son époux. Même dans la mort, les couleurs pâles et éclatantes de Theramore lui donnaient fière allure. Une barbe propre et bien taillée venait encadrer le visage du défunt, tandis qu'un bandeau de plaque doré lui retenait les cheveux en arrière, sûrement pour lui éviter d'être gêné dans le tumulte de la bataille; à ses côtés gisait une lame de bonne qualité, tâchée de sang.

John Hawthorne était mort dans une embuscade. La Horde en était l'investigatrice, les cadavres mutilés d'orcs trouvés autour du Général l'attestant. Mais la garnison avait été frappé qu'ils en viennent à de telles bassesses; car la gloire, l'honneur, n'étaient-elles pas les valeurs fondamentales pour lesquelles ces brutes à peau verte se battaient? Thrall aurait interdit cet acte ignominieux, mais sous la férule de leur nouveau chef, la Horde montrait enfin son véritable visage.

Clarice s'était précipitée à Fort Triomphe où le corps du Général avait été rapatrié, dés l'instant ou la nouvelle lui était parvenue. Elle avait retenu ses larmes jusque devant la dépouille de son bien-aimé; puis elle avait cédé. La guerre fini, ils avaient projeté de s'isoler quelque temps, peut être dans les Marches de l'Ouest ou dans la Forêt d'Elwynn... Elle n'avait même pas pu lui dire au revoir. Les orcs avaient bien fait leur travail, de cela tout le monde pouvait en être sûr.

Mais maintenant Clarice ne pleurait plus; elle regardait à travers le corps sans vie, les yeux vidés de toute expression, déconnectée de la réalité, dans une de ses innombrables rêveries ou elle s'imaginait avec les enfants qu'elle n'aurait jamais au côté de son cher et tendre. Les enfants qu'elle n'aurait jamais...

«_Madame, je vous prie d'accepter mes plus sincères condoléances.»

Clarice mit un moment avant de relever la tête, certaine que la voix n'était que le fruit de son imagination. Pourtant une jeune femme, aux alentours des vingt-cinq printemps, peut être plus, se tenait devant elle. Elle était vêtue d'une robe sombre, aux teintes noires et bordeaux, agrémentée de quelques motifs décoratifs; des épaulières déployant les même couleurs venaient lui protéger les omoplates, tandis qu'une cape bleue azure portant le L stylisé de Lordaeron couvrait ses arrières. Une ceinture faite de chiffons rouges terminait le tout en lui enserrant la taille. La demoiselle empoignait par la hampe un long bâton dans sa main droite, autour duquel miroitaient de petites étincelles.
Une sorcière.

«_Qui êtes vous, laissa échapper Clarice avant de se rendre compte du ton qu'elle avait employé.»
Sa vis-à-vis ne sembla pas lui en tenir rigueur, puisqu'elle lui répondit calmement:
«_Je m'appelle Lucidà Van Tarkil, je suis en charge des opérations à Fort Triomphe en attendant l'arrivée du nouveau commandement. La mort de votre époux nous a, tous, durement touchés, et lorsque cette campagne sera finie, je viendrai le pleurer avec vous, ajouta la magicienne.
_Cette guerre ne finira jamais, tout n'est que futilité et gâchis, s'esclaffa Clarice dans un rire sans joie.»
Cette fois, Lucidà sembla prendre la mouche, mais continua sur un ton qui se voulait respectueux.
«_J'admirais beaucoup votre mari, l'attaque de Taurajo n'était pas une décision facile, mais elle était nécessaire. Beaucoup n'auraient pas eu la force de donner pareil ordre.
_Taurajo? Comment cela?
_Madame, je pensais qu'on vous aviez mise au courant, répondit Lucidà avec étonnement. Le Général a noté l'importance stratégique de neutraliser le campement, qui fournissait la Horde en armes et provisions; je puis vous assurer que les pertes civiles ont été évitées autant que possible.»
Lucidà avait presque chuchoté cette dernière phrase, tant elle lui coutait de la prononcer. S'il en avait été de son ressort, Taurajo et tous ses habitants n'auraient fait qu'un dans un immense feu de joie.
«_Vous mentez, John a toujours respecté ses ennemis! John n'est pas un de ces monstres, c'est un homme fier! Un homme capable d'affection et de pité envers les opprimés!»
Lucidà en avait assez; que cette femme parle donc de son mari comme s'il était encore vivant, mais qu'elle ne répande pas ses hérésies dans tout le campement, ou elle la congédierait sans autre forme de procès.
«_Je dois vous laisser à présent, Madame, des affaires autrement plus urgentes m'attendent. Mes sentiments sont avec vous.
_Gardez donc vos sentiments avec vous, sorcière! Mon mari vaut bien plus que des charlatans dans votre genre! John sait, lui, se faire aimer et respecter par ses hommes! Allez au diable, et laissez moi en paix avec lui!»

La magicienne manqua de faire volte face et d'user de ses pouvoirs sur la veuve, mais une idée germa dans son esprit. John ne pouvait pas donner pareil ordre? Elle mentait? Lucidà gloussa.
Plus tard, le Commandant Roberts vint voir Clarice Hawthorne, lui racontant en détail les meurtres du boucher de Taurajo, le sourire aux lèvres.


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Message  Invité Lun 21 Jan - 16:18

4_ La Maison des Nobles

Cinq jours après son arrivée à Hurlevent, Lucidà reçut une lettre de la Maison des Nobles. Se répandant en politesses et formules de bienséance, le Comte Remington Bellornière l'invitait à siéger cet après-midi là au donjon de la cité, prétextant qu''il serait discourtois d'ignorer sa venue. Pleine de soupçons, Lucidà accepta néanmoins l'offre.

C'est ainsi qu'elle gravit quelques heures plus tard les marches de marbre blanc du palais royal, déjà agacée par toute la pompe qu'avait mis le Comte dans cette affaire. Près de l'entrée, un soldat de la garde royale lui indiqua la marche à suivre, non sans lorgner grossièrement vers la gorge de la jeune femme.

Albèrich en plus débile encore, fulmina Lucidà intérieurement.


Le visage fermé et le dos bien droit, elle poussa les battants en bois massif de la porte du Conseil.

«_Aaaaaah, la voilà! Prenez place, mon amie, nous vous attendions.»

L'interpellée posa son regard sur l'assistance, puis déclina gracieusement une révérence.

«_Messires, madame.
_Venez donc à mes côtés, je vous prie, continua celui que Lucidà supposait être le Comte Bellornière.»

Elle traversa rapidement la distance qui la séparait de l'assemblée, puis s'installa sur une chaise en acajou délicatement ciselée. Autour de la table étaient assis l’Évêque DeLavey, potentiel successeur à l'Archevêque Bénédictus, le Seigneur Baurles K. Wishock, nobliau des terres d'Elwynn, la haute-elfe Caledra Bisedelaube, ambassadrice du Concordat Argenté auprès du royaume d'Hurlevent... et le Comte Remington Bellornière, un vieil homme grisonnant mais à la tête d'une partie non négligeable du pays, membre du Conseil depuis de nombreuses années. Ou du moins assez pour ne pas le prendre à la légère.

«_Je vous présente Lucidà Van Tarkil, magicienne de son état et anciennement au service de Dame Portvaillant, en Kalimdor, continua Bellornière. Votre réputation vous précède, madame.
_Comtesse, rétorqua t-elle sur un ton réprobateur. Je vous saurais grée d'annoncer mes titres lors de notre prochaine rencontre, messire.»

Le noble afficha une mine beaucoup trop désolée pour être honnête.

«_ Milles pardons, ma maladresse me perdra!
«Toutefois, à ma décharge, Vandermar est encore aux mains du Fléau. Il est donc erroné de vous décerner un tel titre...
_Plus pour très longtemps, je puis vous assurer.»

Devant l'intonation sans appel de sa voix, le Comte n'insista pas davantage. Lucidà se tourna alors vers les membres du Conseil, puis, d'une voix haute et claire, dit:

«_Mon nom est Lucidà Van Tarkil, fille d'Aurelian Van Tarkil et de Cécyl de Vandermar, Comtesse de Lordaeron et Magus du Kirin Tor. Mon père fut l'architecte de Sa Majesté le roi Terenas II pendant près de dix ans, et créa la Maison Van Tarkil suite à son mariage avec ma mère. Mon sang n'est peut être qu'à demi-noble, mais ma détermination contre la Horde est entière.»

Lucidà se leva et, tout en parlant, fit lentement le tour de la table.
«_Mes terres de Vandermar furent ravagées par Arthas à son retour du Norfendre. Grâce au Culte des Damnés, il releva nos sujets et les envoya contre nos murailles; la cité n'est aujourd'hui qu'un vaste cimetière, hanté de-ci de-là par quelques nécromanciens persistants.
«Si j'ai accepté de venir jusqu'à vous, je dois vous avouer que ce n'est que par pur intérêt. Lordaeron souffre, mais Lordaeron vit encore. Son peuple crie vengeance, prêt à se battre si l'Alliance lui en donnait les moyens. Hurlevent nous a déjà abandonné une fois; je vous en conjure, ne refaites pas la même erreur. Les mort-vivants se regroupent, la Horde enchaîne des victoires éclatantes sur nos troupes en déroute. Il suffirait de peu de choses -un commandement mieux organisé, de vrais soldats et non des fermiers, un approvisionnement régulier- pour tenir le front. Si le nord des Royaumes de l'est venait à tomber, cette cité serait directement menacée. Il est impératif que la Maison des Nobles prenne une décision appuyée par tous, et fasse flancher la politique désastreuse du roi Varian. Il en va peut-être de votre or, de vos ressources, mais surtout de nos vies à tous.»

Lucidà retourna à sa place, scrutant la réaction du Conseil. Le silence se fit pesant, les regards se détournaient lorsqu'elle portait les yeux sur chacun d'eux. Le Seigneur K. Wishock prit finalement la parole.

«_Puisque vous n'êtes pas un membre permanent de notre Maison, cette séance devait rester, tout au plus, superficielle. Les secrets et manigances du royaume sont bien la ou ils sont; il serait malvenu de les répandre sur la place publique. Toutefois, je ne puis rester indifférent face à votre requête.»

Wishock se leva à son tour, et imita les gestes de Lucidà.

«_Hurlevent ne vous a pas abandonné, Comtesse. Ni vous, ni le peuple de Lordaeron. Notre royaume -et nos personnes- ont subi bien des tourments depuis la venue des orcs en Azeroth. De quels secours aurions-nous pu être, alors que nous nous relevions à peine? Pour dire vrai, la chute de Lordaeron retentit à nos oreilles presque en même temps que la défaite d'Archimonde au mont Hyjal. Vous n'êtes pas sans savoir que Theramore et Hurlevent coexistèrent pendant longtemps en tant que dirigeantes de l'Alliance, preuve en est que le contact se fit tardif. C'est pourquoi je ne peux tolérer vos accusations, et j'ajouterai même ceci: Lordaeron est une terre désolée, un nid de vipères. Nous y perdrions beaucoup trop pour pas assez. Vos exigences ne peuvent aboutir, car s'engouffrer dans une telle entreprise serait assurément désastreux pour nos positions dans les Tarides et Durotar.»

Le Seigneur Wishock allait s'asseoir, mais renonça puis posa un regard ferme sur Lucidà.

«_Je crains que votre orgueil soit démesuré par rapport à votre statut. Vos terres peuvent attendre, Madame.»

La jeune femme fut prise d'une fureur telle qu'elle dut se faire violence pour ne pas transpercer le noble d'une lame de givre. Alors que Wishock reprenait place, elle fit le vide dans son esprit, et c'est pleine d'une morgue renouvelée qu'elle se tourna vers les autres membres du Conseil.

«_Mon Seigneur, je crains que vous n'ayez tort sur un point, qui fait malheureusement toute la différence.»

De nouveau, Lucidà se leva, mais prit cette fois ci une démarche souple, fluide, presque pernicieuse quand on l'associait au petit rictus qu'elle arborait au coin des lèvres. Tranquillement, elle fit le tour de la tablée, posa ses doigts sur le dossier des chaises et caressa délicatement l'épaule du Seigneur Wishock du revers de la main. Elle savait que l'attention était toute dirigée vers elle, subjuguée par ses gestes et brûlante d'impatience; un sortilège n'aurait pas eu meilleur effet.
«_Vous avez tort Seigneur Wishock, car Hurlevent n'est pas, de droit, la dirigeante de l'Alliance, dit-elle à mi-chemin entre le gloussement et l'accusation.»

L'Évêque Delavey et Caledra Bisedelaube se mirent à murmurer entre eux, tandis que Wishock criait au grotesque. Seul Remington Bellornière restait impassible, tout ouïe quand à l'argumentaire de Lucidà.

«_Oui, Hurlevent a usurpé ce titre à mon royaume, cette cité et ses habitants sont des imposteurs qui ont profité de notre faiblesse pour nous planter un coup de couteau dans le dos! Vous dites que l'éloignement fut la raison de votre silence? Pourquoi donc le Grand Maréchal Garithos reçut de l'aide des nains et des elfes de sang en ce cas? Pourquoi Stromgarde fut sur le champ de bataille au mont Hyjal, pourquoi l'Amiral Portvaillant accouru reprendre la guerre en Kalimdor, si la distance était si dissuasive?
«En vérité, Hurlevent a bafoué l'Alliance, et vous vous êtes terrés comme des lâches, reniant les sacrifices faits lors de la Seconde guerre. Sachez que Lordaeron restera à jamais la terre de l'Alliance, et que cette cité en est sa vassale. En cette qualité, il est de votre devoir de reprendre, quoi qu'il en coûte, le berceau de notre patrie, de l'Humanité toute entière, et de massacrer quiconque s'y opposera.
«Moi, Lucidà Van Tarkil, Comtesse de Vandermar, vous enjoins à prendre les armes dans le nord et y apporter mort et destruction à la Horde!»

L'assistance resta médusée, peinant à comprendre le sens de ses paroles; Lucidà en tira une intense satisfaction, proche de la jubilation. Wishock s'éclaircit finalement la gorge avec grand bruit, et d'une voix peu assurée, aboya presque:

«_Vous, lordaeronais, guerroyez au nom d'un fantôme, des terres de désespoir et sources de misères pour notre cause! Sachez que nous, hommes et femmes de Hurlevent, nous battons pour la gloire et l'honneur de l'Alliance, et rien ne nous détournera de notre chemin!»

Et Lucidà de répliquer, lentement, comme si elle savourait cet instant:

«_Chacun se bat pour ce qu'il lui manque, messire.»

Le nobliau afficha une mine déconfite, les yeux exorbités et la bouche grande ouverte.

«_De telles objurgations sont gravissimes, Comtesse, sonna une voix haut perchée derrière Lucidà.»

La haute-elfe s'était détachée de l'oreille du prélat, et s'adressait non pas qu'à Lucidà, mais au Conseil dans son entièreté:

«_Certes, le prince Kael'Thas mit les sin'doreis (Lucidà nota le dégoût que lui inspirait ce mot) au service de Garithos suite à la destruction de notre glorieux royaume. Mais nous, hauts-elfes, avons toujours été en marge de nos anciens frères, qui se vautraient dans le luxe et la débauche. Il ne fut pas nécessaire qu'Arthas envahisse nos terres pour que nous aidions Dame Portvaillant dans son combat. Cependant, notre motivation première fut la dette de sang que nous avions envers Lordaeron, qui nous aida contre les orcs quand ceux-ci dévastaient nos forêts. Il est toujours apparu aux yeux de mon peuple que votre royaume, Comtesse, supplantait tous les autres; comme si une hiérarchie s'était imposée avec la guerre, et même après. Votre discours me paraît bien trop virulent et peu enclin à la compréhension, mais il n'est, à mes yeux d'étrangères, pas sans fondement.
_Vous ne pouvez pas approuver ces absurdités, elfe!, éclata Wishock dans une colère noire. L'Alliance de Lordaeron est morte, ce royaume est tombé, il n'en reste rien! Et quand bien même, Hurlevent n'a jamais prêté allégeance à...
_Oh que si, Mon Seigneur. Hurlevent a bel et bien prêté allégeance à l'Alliance de Lordaeron, et juré assistance envers tous ses membres, coupa net Lucidà. Me trompé-je, Comte?»

Remington observait depuis le début de la dispute la jeune noble, le menton dans sa main et un léger sourire -que pouvait-il bien dire?- sur les lèvres. L'assistance reporta, silencieuse, son attention vers lui, sachant qu'il aurait le dernier mot dans cette histoire. Après une pause soigneusement calculée, il concéda à répondre.

«_Il est vrai, Comtesse, que feu le père du roi, le grand Llane Wrynn, forgea l'Alliance de Lordaeron en ces termes. Néanmoins, à aucun moment il accepta une quelconque vassalité; ma mémoire est défaillante, et je ne suis plus tout jeune, mais je puis vous assurer qu'il n'existe aucun document l'attestant.»

Lucidà s'apprêtait à riposter quand le noble se leva puis la rejoignit, posant sa main sur la hanche de la jeune femme comme s'il s'agissait de quelques amants.

«_Il se fait tard, et nous n'avons pas encore abordé les principaux sujets de cette séance. Je vais devoir, et j'en suis sincèrement navré, vous demander de nous quitter.»

La jeune femme se dégagea de ce contact troublant, piquée à vif par la familiarité du ''vieillard''. Alors qu'elle échangeait les formules de courtoisie inhérentes à la noblesse, Bellornière lui glissa quelques mots dans le creux de l'oreille, si faiblement qu'elle eu peine à les comprendre.

«_J'admire votre éloquence. Vous êtes une femme forte.
_Je crains que vous ne me surestimiez, Mon sieur, souffla t-elle à son tour, alors qu'elle saluait l'Évêque Delavey.»

Se relevant avec grâce, elle acheva le protocole puis, avant de s'en aller, ajouta:

«_Dans l'attente de notre prochaine rencontre, Messires, Madame.»

Alors que Lucidà sortait de la salle du conseil, le Comte Remington Bellornière, dans un sourire commissural, murmura:

«_Oh non... je pense même que je vous sous-estime, Van Tarkil.


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